Coup de foudre au bord de l'eau
Désirée lui avait dit : "Si tu cherches l'amour, va voir la rivière, va voir la mer !". Alors, elle avait pris le soin de huiler ses beaux cheveux, elle avait parfumé sa peau aux embruns salés. Elle avait convié les anciennes quimboiseries, celles d'antan lontan, quelque recette cachée d’élixir puissant. Elle n'y croyait guère, mais cette solitude autour d'elle, ce grand vide en elle...
Elle avait monté jusqu'au plus haut où ses jambes pouvaient la porter, elle avait remonté le cours de l'eau. Elle avait posé son corps au bord d'une vasque baignée d'une douce lumière. Les pieds dans l'eau fraîche, elle était là. Elle attendait, là. Elle savait que ce serait le jour, la minute. Sinon, rien derrière, une vie de vide, de silence du cœur. Lui, descendait du morne, suant sous l'effort, la peau luisante et le souffle court. Son corps musculeux imprimant à son pas une puissance impressionnante. Ce fut son pas qu'elle entendit en premier. Puis une silhouette sortant du sous-bois. Improbable rencontre, là sous les mahoganis protecteurs des amours naissantes. Un souffle d'air chargé de tensions. Il passa tout auprès d'elle, le chemin n'avait pas prévu d'autre alternative. Certains chemins sont ainsi faits. Il planta son regard dans les yeux de la femme. Il y avait une sorte de force, presque brutale dans ce regard là. Elle su cela, elle vit cela. Elle, elle savait déjà la suite. Elle connaissait ces bouillonnements subits au plus profond d'elle. "Mes papillons dans mon ventre. Je porte en moi l'avenir d'un amour, je porte en moi la vie." L'homme, lui, sot comme comme peut l'être un homme, avait vu la femme. Avait-il vu l'amour ?