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Cet atelier est une mise en lien entre la musique et les mots. Comment créer du rythme, de la résonance en utilisant les mots comme des notes de musique et composer des partitions qui deviennent poèmes ou des chorales sublimement improbables. La démarche met l'accent sur la lecture à voix haute et la posture de l'écrivant en dialogue avec un musicien.

Isabelle Kanor

regardez le diaporama

avec la bande son

d'une vidéo réalisée par René.

Yélé !

Regardez le compte-rendu vidéo made by René !

Si tu étais un instrument de musique…

Corps ! Cor de chasse ! Harmonica ! Carillon ! Violoncelle ! Fut de carnaval ! Voix ! Kwaki ! Tibwa ! Batterie ! Djembé ! Sanza ! Dans l'orchestre que nous formions, il y avait aussi Jacky qui, lui, aurait été une goutte d'eau qui tombe dans un baril rempli d'eau "Tout l'univers est là" et il y avait le tambour ka de Djaka "Le ka, c'est l'âme de l'homme."

Djaka, c'est un homme-gwada. Sur la photo, impossible de le rater : paquet de locks enserpentées sur la tête, sourire doux et frappe de maitre. Lui, c'est jamais sans son ka et jamais sans sa sanza non plus ! Avec ses deux humeurs musicales en bandoulière, nous nous sommes enfoncés dans la forêt à la rencontre de la rivière, des piébwa, du silence craquant de la forêt de Montravail. Un silence qui n'est pas resté longtemps en l'état parce que voilà ce qui s'est passé :

Energie !

Vibration !

Positive !

C'est ça qui s'est passé !

La magie du tambour.

La magie des corps.

La magie des mots.

La beauté magmatique de la nature.

Je ne sais pas, en fait, comment, ni pourquoi, ni à cause de qui...  mais nou tout té boulé ! Ivres, on était ivres je crois. Il devait couler des choses pas légales dans la rivière Léonard. A moins que ce ne fut dans les feuilles plues des arbres qu'il y avait des poudres magiques... Autre hypothèse : Djaka est un sorcier ! Quoiqu'il en soit, à un moment donné, nous nous sommes surpris à grimper la forêt en poussant spontanément des cris d'animaux, d'oiseaux, des yéééééhéyaaaa, des sons sans sens, des cris de peau de cabri cognée, des cris de vent dans les bambous ... Des cris de joie. C'est ça qui s'est passé !

On dirait que l'écriture libère, ouvre des vannes, fait craquer les carapaces de silence. Posés comme des flaques de soleil sur les roches de la rivière, nous avons chacun composé une partition de mots, un poème totalement surréaliste et obsédant puisé dans le réel de la forêt. Kudum kudum pak ! On kou tonbé ! Djaka a pris son ka. C'est en slam, c'est façon-façon, c'est en voix-force, en voix consciente d'être voix que nous avons dit ce que nous avions écrit : nos sentiers perdus, nos désirs couleur albinos, nos chiens et nos lézards "qui dansent avec colère au son des futs carnaval".

Cette phrase-là -déclinée à l'envers et dans le désordre, répétée et répétée- c'est Paul-Auguste, le jeune du groupe qui l'a marquée dans nos oreilles ; Paul-O, le presque-plus-enfant qui, écoutant ce que le mot Mabouya lui murmurait à l'oreille nous dit : "Mabouya m'a dit d'être heureux". Gran kouté piti ! Yes little man ! C'est à ça que l'on doit s'atteler en tant qu'homme, en tant que femme, en tant que chien ou lézard. Notre seul horizon. Dire qu'on lui tourne si souvent le dos... Fallait-il qu'une forêt, dans la voix d'un ado, nous le rappelle ? Il faut croire que oui. On l'a applaudi avec deux yeux grands ouverts.

Et on a chanté des mots ! On a fait chorale dans les bois : les ténors à gauche, les sopranes et les alti à droite. Les mains d'Isabelle étaient des baguettes de chef d'orchestre qui nous ordonnaient : plus fort, plus bas ! silence les ténors ! chuchotez les alti ! enlevez 2 mots, hurlez les ténors ! silence les alti ! Jouissons ! Et bidawaaaaaaa !

Le vert et le bois, le haut et le bas, le chemin gardent-ils la mémoire des émotions qui les frôlent ou les foulent ? Ceux de cette Forêt se souviendront-ils que, sur le chemin du retour, en ce samedi farceur, 6 hommes, 9 femmes, 1 tambour, 1 sanza et 1 baton de pluie les ont habités de leurs chants ka improvisés et de leurs bélè-boump-pas spontanés ? Dites-moi que oui.

Conte, rendu by manzelKa

avec Christelle, René Vincent, Paul-Auguste Marie-France, Jacky christiane, Fred, Sizan Cécé Bwamitan Dominique, Christine

et Fabienne C. en petite fourmi enregistreuse...

 

Attrapés au vol comme des "multicolores puretés" (Césaire), des bouts de bouts de phrases de chacun de nous se sont retrouvés mis bout-à-bout par Isabelle. En fin d'atelier, accompagné par Djaka au ka, elle nous a slamé ce texte patchwork. Gâteau sur la cerise : Jacky Alpha a ponctué ce texte avec des chansons, harangues créoles ! "Énergie ! Vibration ! Positive !" comme tonnait Mona.

le Chant de l'atelier 

Tan a rivé manmay, sé jou renésans nou !
Frappez ! Cognez ! Caressez !
Doum doum doum doum... Réponds Tak tak !
Pa soté, pa tonbé, Sé sa mèm, pa moli !
La po pa ni soley lè tjè-w blésé ; laisse monter la sève !
Bel Bonjou !
On kou douvan, on kou dèyè
Tanbou-ka, tanbou-bèlè, tapitak pitak tak
Bel bonjou !


I té ka ba moun fos
Yé krik !
Man ka poté la vwa griyo
Poko poko tak ! Kouté pou tann
Man ka maché, man ka chèché tou patou... boutouk boutouk boutouk
Man sé tanbou gadiyen listwa. Taka taka kata mystik !
Je suis un tambour qui pense, je suis un tambour qui danse
Man sé on tanbou ka konnyé fon tjè-w.

Je suis un tambour sourd.
Je suis le tambour qui dit Tamtamtam Rrrrah !

Tambour dis-moi:  tam tam tam
Frappeurs, résoneurs : tam tam lontan


Petits pas, petits pas, main gauche, petits pas, man tout koté
Tapitak pitak tak. Et bidawa !
La rivière va doucement, la rivière me parle de lariviyè
Manman d’lo chante le ruisseau
L’eau avide redonne la vie
Mabouya, 2 kouyon pa ka révé en même temps
Silence ! Ecoute !  Il fait bon rêver. Silence !

Tcha tchip et tchap
Silence, je veux le silence.

Silence : je t’aime.
La pli bel an ba la baye. Décibel. Ou ké tann
Silence : capillarité en la majeur
Silence, tjè ka palé, la la la la la la la
Mabouya me dit d’être heureux.

extraits des œuvres lues pendant la trace

Aimé Césaire, CAHIER D'UN RETOUR AU PAYS NATAL

Malik Duranty, PWEZI MOFWAZ, 2O13

Leon-Gontran Damas, ILS SONT VENUS CE SOIR (in Pigments, 1972)

Eugène Mona, TANBOU SÈRIÉ (chanson)

animatrices

Isabelle Kanor

Véronique Kanor

musicien (ka, sanza et baton de pluie)

Djaka

conceptrice

Isabelle Kanor

Le Labo des Lettres

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