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Dans cet atelier, on chante l’amour, on écrit l’amour, on dessine l’amour. Et le désamour. Les histoires se croisent, les mots s’unissent, les lettres se déchirent, les mots se défont. La magie opère quand les textes se tissent, se rencontrent et se fécondent, se déconstruisent pour trouver un nouveau souffle.  Et l’alchimie se créée entre le mélange des histoires et des écritures. Les histoires d’amour dans cet atelier ne finissent pas toujours mal !

Isabelle Kanor

Si j'étais une chanson d'amour ?

Dans le grand vent de Grand Rivière, on s'est mis à fredonner l'amour. De la comptine créole à Véronique Sanson, du battement de coeur à Jocelyne Béroard, du Brésilien Caetano Veloso aux Rita Mitousko... Janine a avoué un amour pour "France" de J. Ferrat et on tous été d'accord pour dire qu'Hervé Vilar, fallait garder ça pour soi ! Faut quand même pas exagérer. Et c'est en chantant que l'atelier a débuté. Ce qui a rendu le temps légèrement instable : alors que la météo avait prévu du bleu tout le temps, un vieux nuage des familles a pensé qu'il pourrait nous faire taire en lâchant quelques gouttes. Court toujours ! Le karaoké est en marche !

Il était drôle cet atelier. Vraiment drôle. Lidée même de l'amour, ça rend joyeux et ça fait chanter n'importe quoi. A sa fenêtre, Désirée nous interpelle : "Mais y'a rien à Grand Rivière, que de la laideur. Tu cherches l'amour, vas voir la rivière, va voir la mer." Son amour à elle est parti, il y a 3 ans. Son fils d 29 ans, il y a encore plus longtemps. Peut-être toute une vie. "Mais Mamie met sa ceinture pour ne pas se faire mal aux reins, dit Désirée en parlant d'elle. Mamie a déjà fait son repas, des pieds de veau. Mamie mettra son linge noir pour aller à la messe tout à l'heure. Mais Mamie ne mettra pas que du noir parce que c'est fini le deuil. Tu me donnes quel âge ?"

Une femme passe.

On s'arrête tous pour la deviner. C'est qui ? Quel est son secret ? Qu'a t'elle dans ses poches ? D'où vient-elle ? Et elle, quel âge ? Celle-là, il faut la marier ! Pourquoi pas avec cet homme, assis sur le pas de sa maison en train de finir une assiette de ti-nain ? Quel prénom ? Quel âge ? Quels secrets inavoués ? Son défaut ?

L'amour passe.

On continue notre route en dépouillant le répertoire de ses gwopwel songs et de ses refrains les plus wayayailles. Man lé on nonm dou kon siwo yoyoille !

Au bout de la plage, tout à droite, on a fait comme les amoureux : on s'est caché pour se regarder dans les yeux, puis pour les fermer... Et puisque l'amour rend aveugle, on l'a dessiné les yeux bandés. Mais quand les yeux s'ouvrent... euh... c'est comme ça que tu me vois ? C'est moi ça !? En fait, on est pas très beau à voir quand on y regarde de plus près. Et s'il faut rompre avec quelqu'un, ne serait-il pas plutôt à soi-même qu'on devrait l'envoyer cette lettre qui fait mal et que l'on finit tous par déchirer ? Sauf, il va de soi :  les masos, les artistes qui ont besoin de travailler la chose et les gwopwel addict qui ont besoin d'avoir de quoi pleurer toutes les larmes de leur corps une fois par mois !

Conte, rendu by manzelKa

avec Camille, René Vincent, Paul Christiane, Janine Dominique, Christine...

 

extraits des œuvres lues pendant la trace

Derek Walcott

Daniel Maximim, L'INVENTION DES DESIRADES

Jean-Philippe Marthelly, TI DOUDOU BEL KREYATI (chanson)

Monchoachi, L'ESPERE GESTE

Makenzy Dorcel, L'OMBRE ANIMALE

Jamaica Kincaid, VOYONS VOIR

animatrices

Isabelle Kanor

Véronique Kanor

conceptrice

Isabelle Kanor

Le Labo des Lettres

Pendant que les écrivants lisaient leurs productions, Isabelle s'est livrée 

à l'exercice périlleux de noter leurs phrases, leurs mots... pour les

assembler en un texte original restitué à la toute fin de l'atelier. Voici donc :

 

le Texte de l'atelier 

Désirée lui avait dit "Si tu cherches l’amour, va voir à la rivière." Le chemin n’avait pas prévu d’autres alternatives ; le cheveu et le ti-café attendraient.
Gisèle au ventre vide découvre le crâne chauve et bien poli de Gustave. Coralie, tout sourire, chante dans les ruelles des nuées ardentes : serait-ce l’heureux élu ? Aimée Rivage rêve de Désiré, flâne de maison en maison, un rêve enfoui dans sa poche. Badam Boudoum ! Ada Foline est venue de là-haut : où donc abriter ses formes généreuses ? Roger l’a vue, la suit : coup de foudre à Grand Rivière !

Tu pousses des Oh et des Ah, je crois en toi. Viens vite, tu me cuisines. Les lits ne sont pas faits pour l’amour, Oh je deviens tête de linotte. Tu es l’extra, ma pauvre Camille, tu abreuves mes besoins de beauté. Je bifurque, je te vole, mon bébé. Moi mon profil droit, je t’aime. Moi mon profil gauche, je sème. Donne-toi à moi toute entière. Je te veux. Je ne peux pas ne pas t’aimer. Il ne faudra plus se dessécher. Tu me fais tout. Tu n’as pas voulu croire qu’il était des amours mortels. J’ai trouvé enfin ma raison de béatitude. Mon cœur s’embrase sur le barbecue du désir, il bourgeonne. Mon imagination me joue des tours Je rêve de t’entendre. Tu n’as pas, mon chéri, exploré tous mes contours. Je voudrais être ton autre. Essentiel.


Désirée reconnut le bonhomme Georges Chaut, analyste des âmes et quelques amantes. Eugénie, elle, esseulée, aimante, descend vers la rivière. Pierre, lui, le clin d’œil facile, charme irrationnel, lui, seul. Badam Boudoum !
Elle, ombre chinoise. Elle semble celle pure.
Ce jour-là, Jean, perdu dans ses pensées devant chez Tante Arlette, s’arrête net devant Sophie Lescalier qui cherchait son fiancé. Capri, c’était fini.
Fini ! Je pars, je te vole ma vie, je ne me reconnais pas, tu n’es pas moi malgré moi.
Il est où le bonheur, il est où ? J’ose t’avouer mon désamour, tu n’as pas le bon profil. Mwen enmen’w mais je te rends ton amour desséché : sa pa ka maché. Tu n’as pas laissé suffisamment de temps au rêve. J’ai soif de soleil, de lumière et de lune. Moi, mon profil droit rompt avec mon profil gauche, l’apparente symétrie entre moi et moi n’était qu’un leurre. Je me tourne le profil, regard absent d’extra-terrestre. Je romps les amarres, je
ne peux pas mettre des mots sur ça. Tu me rends autre. Tu m’effaces.


 

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