Rénover Texaco ?
CONTRE !
Yasmine Deruelle, fév 2021
Monsieur le Maire,
Je m'appelle Séraphine, je représente l'association "Vivre à Texaco ou Mourir".
En effet, face aux projets que vos personnels parlant grand grec veulent nous imposer, nous vous
prévenons que nous nous battrons jusqu'au bout pour conserver notre quartier, notre habitat et son
ambiance si solidaire.
Vos technocrates ne connaissent rien à rien. Ils réfléchissent sur des plans. Or Texaco ne peut tenir sur
un plan. Toutes ses ruelles, ses maisons imbriquées, ses points de vue remarquables forment un joyau.
Nos parents, à la sueur de leur front, ont bâti ce quartier peu à peu. Nulle grande idée au départ.
Chaque habitant nouveau était accueilli et trouvait un bout de terrain ; on pratiquait le koudmen. Pas
besoin de chef. Quand un problème surgissait, de voirie ou d'assainissement se présentait, on se réunissait
autour du fromager. On discutait. On créait des servitudes pour, par exemple, créer un parking collectif en mettant
en commun un terrain.
Ici pas de rivalités. On vient tous des mornes. On aime notre quartier aux pentes raides qui se méritent. Vos
techniciens, si grands ingénieurs soient-ils, sont surement restés sur les grands axes... Mais ont-ils
arpenté nos ruelles si pimpantes, si propres?
Les fromagers immenses ont été plantés par nos parents. Ces arbres n'appartiennent à personne et
nourrissent tout le monde. Nos parents, sur ces terrains vierges avec seulement des ti-baumes et des
campêches, ont apporté avec eux des graines de citronniers, des bananiers les zèb médicinales. Au
départ, ils ont utilisé les ti-baumes pour fabriquer leurs pauvres maisons en torchis, intégrées à
l'environnement. Ils n'ont pas violé cette terre, ils se sont adaptés aux contraintes. Ils ont perçu très vite
que Texaco était sain et bien ventilé, contrairement au centre ville où l'on étouffe, tous bousculés autour
du grand marché.
Donc, Mr Laguerre, si vous voulez la guerre, vous l'aurez, nous saurons défendre Texaco dont nous
sommes si fiers.
Mais si vous proposez qu'on puisse se poser tous autour d'une table à la mairie ou
plutôt dans la grande salle commune du boulodrome où nous prenons nos décisions...
Si nous sommes associées à la conception de vos projets dès le départ...
Nous serons sensibles à votre geste, à votre reconnaissance.
Mais sachez, à l'avance, que nous ne tolérerons pas que, comme le Grand Manitou à Paris, vous
enterriez nos propositions.
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CONTRE !
Jean-Claude Banys, fév 2021
Misié Limè,
Sa ka fè mwen bizaw krié'w Misié Limè. Mwen wè' w toupiti ka kouri toutouni alantou kartié-a. Ou fè les 400 coups épi yich mwen.
Misié Limè, Monsieur le Maire, mwen voté ba'w, on a tous voté pour toi. Nou voté ba'w pas ou sé an moun kartié-a.
On a pensé, on a cru, on a espéré qu'à ce poste, tu allais améliorer la vie de ce quartier.
Je suis d'accord, l'assainissement, l'électricité, l'eau courante, toutes ces choses vont changer notre vie. Mais maintenant, j'entends parler d'expropriation, de déplacements de population, de démolition.
Nou toujou viv yòn épi lòt, yòn bò lòt adan kaz an bwa nou-a, adan ti lakou nou. Atjelman ou sé lé krazé sé kay nou-a. Et puis, on remplace tout ce qu'on a construit, tous nos souvenirs, toutes nos vies par du béton.
Nou sa fè fòs, nou ja fè fòs. Nou ké anpéché'w fè nou disparèt.
CONTRE !
Yolande Elio, fév 2021
Ma Plaidoirie va dans le sens de conserver TEXACO, ses ruelles montantes qu'il faut fleurir, créer des espaces de détente avec des bancs, des arbres, des jardins suspendus.
Conserver la forêt de campêches avec lesquels nous pourrions faire des palissades.
Transformer le canal en parc d’attraction.
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CONTRE !
Christine Senegas, fév 2021
Ah! ça y est!
Les revoilà ces envoyés du gouvernement venus nous donner des leçons sur notre façon de vivre, nous menacer de raser le quartier. Mais ce quartier c'est nous-mêmes, notre histoire, notre héritage.
C'est mon aïeul Philibert qui a posé la première pierre de cette maison. C'est Man Ina, sa future, posera la première de la maison voisine.
Combien d'aller/virer entre les mornes et l'en-ville, de pieds tordus, de dos cassés pour charroyer les matériaux et monter les murs et les toits qui mettaient la famille à l'abri.
Les voisins, dans la même galère se soutenaient, s'entraidaient et s'organisaient pour faciliter la vie de tous. Tout moun c'était famille !
Ces gens de la ville ne voient que l’intérêt financier qu'ils pourront en tirer, que les détails "disgracieux" d'une architecture de "bric et de broc" sans penser à nous, à nos vies, à nos espoirs.
Du haut de la falaise, on vous voit venir de loin !
Ne vous y risquez pas !
Nous saurons faire face
et nous vaincrons !
Nous sommes unis !
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CONTRE !
Nicole Amazan, sept 2020
M. Le Maire,
Je viens vous dire à quel point j’aime mon quartier et pourquoi je refuse tous les projets que vos urbanistes nous ont présentés récemment.
Je suis Marie-Josée Edmond et je suis née à Texaco où j’ai grandi auprès de ma mère et ma grand-mère. J’ai 50 ans et je sais par Man Tida, ma Grand-mère venue du Marigot pour s’installer à Foyal, comment elle s’est battue pour avoir ce coin des Hauts de Texaco où nous vivons encore. Je suis couturière et, même si mon atelier est dans le bas du quartier où les rues sont plus larges et le terrain plus plat, je ne veux pas que l’on me retire mon bien le plus précieux. Celui de découvrir chaque matin la baie de Fort-de-France dans sa totalité, étalée sous mes fenêtres. Je savoure cette richesse soir et matin et rends grâce à Dieu de m’avoir donné ce toit.
Bien sûr les marches sont sèches, les ruelles étroites mais les rapports de voisinage uniques, profonds et tissés depuis si longtemps par les petites et grandes choses de la vie.
Je refuse que des immeubles impersonnels et froids viennent pourrir notre tranquillité et défigurer ce que nos ancêtres ont eu tant de cœur à fonder. Ce serait leur faire insulte.
Je suis donc résolument contre tout projet de modernisation.
J’espère que vous accepterez mon invitation à venir nous visiter un soir pour prendre la mesure de la paix et de la joie qui règnent ici.
Avec tout mon respect.
CONTRE !
Marie-France Servier, sept 2020
Monsieur Le Maire,
Moi, homme septuagénaire, vivant à Texaco, depuis ma plus jeune enfance, je vous demande instamment de ne pas réhabiliter mon quartier. Ce quartier m'a forgé, m'a fait travailler, m'a fait connaître la vie, m'a fait constituer ma famille.
Nous sommes nombreux à avoir bâti et construit nos activités professionnelles :
- de pêche
- de couture
- de restauration
- de mécanique
Et que sais-je encore !!! Chacun faisant de son mieux.
Sachez que se sont instaurées de réelles relations et vies intergénérationnelles, en toute convivialité, fraternité, tolérance, entraide....
Tranquille, j'aimerais y finir ma vie : sans chamboulement. Pas de déplacement, de déménagement - De grâce, pas à mon âge.
La communauté actuelle de Texaco s'émancipe dans un quartier populaire pourvu d'une singularité et d'une richesse matérielle et humaine qu'a su transcrire formidablement l'écrivain Patrick Chamoiseau dans son roman d'ailleurs dénommé du nom de notre quartier. Roman si riche d'Histoire et connu à l'international. Pourquoi vouloir le transformer ?
J'insiste Monsieur Le Maire, les projets d'évolution du quartier que préconisent les promoteurs immobiliers, n'auront comme seul objectif que d'enrichir les plus riches, en rendant impersonnels nos maisons, nos relations, notre quartier.
Par ailleurs, les coûts de cette réhabilitation me paraissent exorbitants. Je doute de la rentabilité de ce projet au regard du niveau moyen des ressources de notre population.
Sachant pouvoir compter sur votre compréhension.
L'homme tranquille.
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POUR !
Hermence Mariello, sept 2020
Bonjour monsieur le maire,
Je suis Yvonne Beldo.
J’habite à Texaco depuis ma naissance et c’est là que j’élève mes 11 enfants.
C’est un quartier que j’aime beaucoup et je ne le quitterais pour rien au monde.
Je suis tout en haut du morne, et de là j’ai une très belle vue sur la ville basse, la rade, le Fort Saint-Louis, la cathédrale, la tour Lumina, les Trois Ilets...
C’est super ! Mais on pourrait rendre l’endroit encore plus attractif et je me permets de vous faire quelques suggestions.
Imaginez ! Je reviens de faire les courses. Avec tous les enfants que j’ai à nourrir, je dois trimballer de gros sacs de provisions jusqu’en haut ! Presque tous les jours. C’est dur !
Pourquoi ne pas installer des rampes d’accès qui desserviront toutes les maisons et nous faciliteront la vie ?
On critique les jeunes, mais que voulez vous qu’ils fassent de leurs journées ?
Il y a un canal qui coule aux pieds du quartier. Pour moi il ne sert pas à grand chose !
Dessus, moi je vois une base nautique où nos enfants pourront faire du kayak, de la voile, du canoë... Nos enfants ont bien droit à toutes ces activités, non ?
Parlons de l’éclairage. A revoir ! Sortir le soir est une vraie galère, à chaque coin de ruelles on craint de tomber sur un énergumène.
Avec l’aide de mes différents concubins j’ai construit tant bien que mal la modeste demeure que habite avec tous mes enfants. Elle est loin d’être finie, et elle n’est pas la seule, c’est le lot de toutes les maisons alentour. Si on refaisait les façades, si on les peignait de couleurs chatoyantes. Et si on ajoutait un parc de loisirs pour jeunes enfants!
Ce sont là quelques-unes de mes doléances qui, prises en compte, feront de Texaco le plus beau quartier de Fort-de-France et favoriseront à coup sûr votre souhaitable ré-élection.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Texaco le 11 septembre 2020.
Yvonne Beldo
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CONTRE !
Cynthia Combermale, sept 2020
Chers membres de la communauté de Texaco,
Par la présente, je m'adresse à vous et à votre esprit affûté.
Que deviendrons-nous sans nos ruelles atypiques, faisant résonner la musique et les styles ?
Les accumulant sans les modifier. Nos tonalités culturelles sont inscrites dans notre histoire.
J'amoncelle les objets de notre passé pour faire vibrer le présent et rayonner le futur. Ces ruelles, ces escaliers me le permettent. Le point de vue sur mes œuvres est possible grâce à cette essence. L'accumulation d'escaliers, de virages, de pentes, nous inspire.
De vulgaires immeubles ne sont pas à la hauteur de notre communauté.
Nous sommes GRANDS, nous sommes FORTS, nous sommes RICHES de notre culture, celle de notre quartier.
CONTRE !
Félicia Nuissier, sept 2020
Monsieur le Gouverneur,
Acceptez qu’un fils de nègre descendu vous expose sa peine de cœur et les prémices de ses bleus à l’âme.
Je m’appelle Brice et vous adresse mes riddims depuis le pas de ma porte, rue Georges Nardy de TEXACO.
Le bruit court à Foyal que de grands bâtisseurs lorgnent sur ma citadelle.
Des grands messieurs venus d’ailleurs ourdissent en discours grandiloquents des projets ambitieux à étourdir un gad-caca.
L’objectif de ce projet : faire de Texaco une Riviera.
Monsieur le Gouverneur, à la manière de Léon-Gontran Damas, je voudrais vous dire :
- Texaco a vu naître la troisième génération de Papa Doudou, mon grand-père qui a quitté Morne Balai quand l’usine à rhum a cessé de fumer.
- Avec toutes les pauvres hères des anses-bois-campagnes, ils ont bâti cet îlot de diversité, de disparité, de singularité, de débouya pa péché encouragé par toutes les municipalités.
- Tout l’imaginaire des gens de ce pays habite les ruelles et sentes de ce quartier -toutes les traditions, les us et coutumes, l’élégance comme les gros mots ont fécondé le vivre ensemble et la fraternité des lieux.
- Livrer la « ville haute » à des investisseurs serait gommer une énorme page de l’Histoire de ma Capitale, briser à coups de pioche le registre tout entier de notre géographie, effacer les traces d’une douloureuse transhumance.
Peut-être voulez-vous assassiner CHAMOISEAU ?
Monsieur le Gouverneur, entendez ma supplique avant que tonnent ici et là les tam-tam de la révolte.
Brice le Rappeur
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POUR !
Pierrette Présent, sept 2020
Monsieur le maire,
J’habite le quartier Texaco depuis ma plus tendre enfance. J’ai vu les autres quartiers évolués sauf le mien. Le Christ semble être passé ailleurs sauf chez nous. La nuit venue, les rues du quartier sont sombres. Nous n’avons que les étoiles quand le ciel est au beau fixe pour nous éclairer.
Nous payons des impôts et des taxes d’habitation très élevés. Pourtant, j’ai l’impression que nous sommes mis au banc des reclus ou des « Oubliés de la liberté » comme dirait Guy Deslauriers.
Depuis quelques mois, j’ai commencé à sillonner les rues du quartier, et nombreux sont les habitants mécontents. Certains m’ont demandé de constituer une liste pour vous affronter aux prochaines élections si vous ne vous bougez pas pour faire avancer les choses. Nous avons déjà un certains nombre de revendications.
Nous exigeons premièrement que toutes les rues soient éclairées,
Deuxièmement que les rues soient accessibles à tous car nous avons, parmi les habitants, un très grand nombre de personnes âgées et de personnes en situation de handicap. Et ceci n’est que le début de ce que nous souhaitons, nous vous attendons de pied ferme.
Sûre que mon courrier retiendra toute votre attention, je vous prie d’agréer Monsieur le Maire, mes salutations distinguées.
Georges Guérit-Tout
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