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La mort au bout de Laventure

Que s'est-il passé dans les ruelles étroites du quartier de l'Union aux basses maisons colorées ? C'est la question sur toutes les lèvres ce matin. Roger Coco et Esméralda sont encore sous le choc de l'émotion car c'est un corps dépecé qu'ils ont trouvé au petit matin de ce samedi de septembre déjà écrasé par le soleil. L'identité n'a pas encore pu être révélée. Les aboiements incessants des chiens de Ti Emile les ont attirés au bout de la rue de Laventure où, dissimulé sous un filet, ils ont fait la macabre découverte. Certes, de vieilles guerres familiales agitent ce quartier d'ouvriers mais difficile d'imaginer un meurtre d'une telle atrocité. « C'est l’œuvre d'un soucougnan » glisse une femme au large chapeau en agitant le drap séchant sur sa terrasse... Les regards derrière les persiennes semblent aujourd'hui inquiets tout autant que menaçants. A proximité de la scène de crime, les enquêteurs relèvent les premiers indices, comme ce qui semble être un journal intime aux pages déchirées.

A quelques pas de là, au carrefour Casimir Piston, un homme seul sur un banc, ramassé sur lui- même, n'a de cesse de répéter « la famille est un bois brûlé aux deux extrémités »... Que sont devenues les allées du Sans-Souci, de la Tolérance et de la Fraternité ?


LE MONOLOGUE DU MORT À LA MORT


Ici je me terre.


Alors quoi ? Ca y est ? Famille Blaise, allée centrale, 4e à gauche ? Pour toujours et à jamais ? Me voilà donc sur les ailes du temps, suspendue... Il a eu ma peau, moi la dépecée, et j'espère que vous saurez le débusquer. Maintenant, je suis au repos, parait-il. « Dans nos cœurs, tu demeures ». C'est ça hein dis, la Mort ? C'est ça qu'ils ont fait graver ? Mais je sais bien moi que dans leur cœur aussi je me meurs. Le temps nous distille, nous gomme, nous évapore. Tous. Et puis, je ne supporte plus de le sentir là, de l'entendre venir chaque semaine ricaner sur ma pierre, buvant son eau de coco glacée. Tu parles ! A ta santé, Roger l'éploré ! Quand le son métallique des cloches ne viendra plus marteler mon crâne, c'est que j'aurai enfin lâcher la rampe et ferai voyager mon âme, là-bas, au-delà des océans. Je sais qu'on m'attend.

Fabienne Pelage, sept 2020



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