Je laisse derrière moi
Je laisse derrière moi l’empreinte de ce passage
Même les souvenirs
Je laisse derrière moi les chants, les rires, les âmes
Même les souvenirs
Je laisse derrière moi les plaintes, les pleurs, les larmes
Les marches funèbres
Mais les hymnes à la joie
Je laisse tout
J’n’emporte rien
Je brasse tout
Je n’laisse rien
D’un passage éphémère
Que dois-je retenir ?
Que faut-il retenir ?
Le temps qui fuit ?
Un éther sans parfum à saisir ?
Je laisse derrière moi une empreinte, une trace
Dans la pierre ?
Simplement sur le sable ?
Christine

Je laisse derrière moi La maison calcinée Rouge sang, incongrue Sens interdit Je laisse derrière moi Des valises trop lourdes à porter Dos courbé Une cage sanglots Déconstruire pour reconstruire Au fil de l'eau ou dans l'infini de l'espace Tout est possible Je laisse derrière moi Le vide Le vertige Le précipice Dans l'impermanence du voyage En silence intérieur Je pars sur les traces de l air Liberté Égalité Fraternité Sont les mots clefs Je laisse derrière moi Le mal d'amour de moi Le mâle d'amour Celui qui fait mal Je laisse derrière moi Les morts à l'étroit Les chemins avortés Sur l'île solitude Des cocotiers nouveaux nés Quand on a le corps en désordre Comment marcher le monde ?
Sophie

Je laisse derrière moi, depuis son arrivée la possibilité de tout plaquer, de fuir, de recommencer ces moments d'égarement, de folie qui auraient pu me mener à la perte, à la folie voire à la mort. Sa présence m'emprisonne, mais est-ce lui ou le grand qui me procure cette sensation au final ?
Cette dichotomie, cette binarité m'épuisent. Plénitude puis frustration. A quand la ligne d'horizon ? Mon père avait raison…
Plus de liberté... mais de laquelle parlons-nous ? Celle que l'on nous impose, celle de faire ce qu'il faut avec qui il convient ? Non, pour ça, je n'ai rien perdu.
Avoir accompli cela est une porte ouverte au reste, à la découverte du monde avec lui, de le sublimer avec d'autres yeux, des neufs, des vierges. Trouver les détails, rendre les petites choses magiques, le faire rire, quelle joie, quel plaisir ! Quelle chance il a... et moi donc de partager tout cela avec lui !
Alors, je laisse derrière moi ma solitude, mon vide, mon inutilité, mon aveuglement.
Et, pour rien au monde, je ne ferai machine arrière.
Rosalie