La poésie a disparu (1)
Les persiennes de Man Nini n’ont pas résisté.
Ni hougan, ni sorcier, ni monseigneur n’a entendu mon cri
"Pitié souplé, mondié padon".
Le temps entame la vie comme l’air salin a fouillé mon corps et mes fers.
J’ai toujours été –je le confesse– bonne fée, bonne fille, ouverte à la bise et à la brise.
Bonjour, entrez... La porte bée à toute amitié.
Les plus grands de ce monde m’ont offert toit de tuiles et véranda fleurie.
En somme, ils ont voulu m’enfermer dans leur prison dorée.
Moi, Poésie, libre-fière, née en cette terre !
J’ai préféré la chaleur des gens du peuple qui s’accoudaient à mon vieux balconnet.
Un soir de grand vent… VLAN ! d’un bond – toute rêverie envolée
Je me suis enfuie par la vitre brisée.
Qu’importe ! Il y aura toujours une voie,
Une voix pour ma transcendance.
(photo Vincent Gayraud)