Celui qui...

Celle qui, en longue robe noire de veuve, polit encore et encore ses joues de petites pommes rondes, de pommes du mancenillier, que l’on dit en espagnol arbol de la muerte, arbre de la mort.

Celle qui, en longue robe blanche, marcheuse aguerrie du bonheur, rêve de bientôt rencontrer son double masculin.

Celui qui, enivré des senteurs épicées de sa forêt natale, fait trop tôt son adieu aux arbres verts de l’enfance.

Celui qui, caché dans un voile de fumée, volutes évanescentes, perd trop vite et le souffle, et la voix, et la vie.

Celle qui, égrenant le chapelet de ses jours, cherche sans se lasser, et ne trouve rien sous ses pas.

Celui qui est l’âme de la maison, et sagement médite, à l’envers des horloges, sphinx énigmatique vêtu de robe rousse,

Celui qui allume ses cierges au grain dur de la roche, et qui veille pour nous au Royaume des Morts.

Janine

Celle qui, entité mi-homme mi-végétal, arbre qui court dans la forêt, laisse le vent traverser le trou dont son tronc est percé, vent qui la fait siffler, chanter, flûter en somme.

Celui dont je ne sais presque rien, mais dont je crois qu’il fut marin-pêcheur à Paimbœuf, rive sud du fleuve, en Loire Atlantique, qui s’appelait alors Loire Inférieure.

Ceux qui sont deux, que je confonds, ces garçonnets, l’un portant bonnet rouge, fumant la pipe et faisant des espiègleries, détachant la nuit les animaux domestiques ; ceux qui sont deux trompant le monde , l’un pieds tournés vers l’arrière pour rendre sa trace impossible à suivre ; et l’autre qui n’a qu’une jambe centrale, mais si joyeux qu’il ne semble pas s’en porter plus mal.

Celles et ceux qui n’ayant pas forcément de liens de parenté se les créent, se les inventent pour un temps, personnages de théâtre se familiarisant avec tous les mots qui, dans la langue qu’ils apprivoisent et étudient, désignent parents et parentes d’une famille élargi-maginaire.

Paul