Bouteille à la mère 1

Tes cheveux d’algues éphémères, au hasard épandus
Quand la mer au gros dos tout soudain s’encolère,
Tes rides chimériques creusées à l’amer sable blond,
Et tes yeux mercenaires au méridien du jour,
Tes oreilles-coquillages ourlées au chant du merle gris,
Tes empreintes immergées sur les rivages clairs
Ma mère
Sous le ciel bleu d’absence
Sous un ciel sans merci
Je cherche en vain les mots
Merveilles inaccomplies
Que lorsque tu vivais
Jamais je ne t’ai dit
Mots de celles qui s’aimèrent,
Merveilleux mots sommaires
Qu’un jour, hélas, au vent mauvais,
Elles semèrent !
