Lettre d'un esclave des champs. 1732
Lettre à mon frère resté à Kpalimé
Frère,
Que mes mots traversent l’eau meurtrière et viennent jusqu’à toi te dire mes fragments de cœur emportés sous les chaînes et que le fouet veut arracher toujours.
Kwini Sombé est là… enfoui… dans le corps plié qui coupe, cueille, coupe, arrache et jette le bâton-sucre, la canne-fouet, sa colère.
Quand la nuit s’est avancée bien loin vers les étoiles. Moi, Kwini Sombé, je sors de ma peau-blessure. Je grimpe sur la cime des gommiers, manicou agile, et je suis près de toi, ici-là, sous les arbres familiers. Ceux-là mêmes sous lesquels nous courions ensemble avant le temps d’avant les navires, des lunes sombres.
Kwini Sombé